30 janvier 2019
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Le Journal de Nicolas Houle
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Critique d'album
Écrit par : Nicolas Houle
Disons-le d’emblée : Rival Sons est, et de loin, la meilleure formation rock des dix dernières années. Son blues rock mordant, la voix exceptionnelle de Jay Buchanan, le jeu de guitare inspiré de Scott Holiday ou encore le travail solide de la section rythmique ont permis au groupe de prendre son envol de manière convaincante dès ses premiers albums, d’abord l’indépendant Before The Fire (2009), puis Pressure and Time (2011), sur étiquette Earache, qui lui a donné accès à la scène internationale.
Avec un son qui en fait un digne héritier des années 70, sans pour autant être rétro ou figé dans le temps, Rival Sons s’est imposé en marge des tendances de l’heure. La troupe a réussi à atteindre des sommets tout en demeurant dans l’underground, élargissant son public avec Head Down (2012) et Great Western Walkyrie (2014).
Hollow Bones (2016), qui semblait un peu précipité, laissait cependant présager que les Américains commençaient à faire du surplace. Peut-être à l’étroit dans cet environnement de blues rock abrasif, qui n’empêchait pas quelques pièces entièrement acoustiques ou d’autres plus nuancées, le quatuor de la Californie a décidé d’ouvrir significativement sa palette sonore avec Feral Roots.
Toujours avec la complicité du réalisateur maintes fois primé Dave Cobb, qui les suit depuis le début et qui les héberge désormais sur sa propre étiquette de disques, les membres de Rival Sons démontrent l’étendue de leur vaste potentiel en rockant sur fond blues, bien sûr, mais en y allant aussi de passages folk (Look Away, pièce titre), en s’offrant des développements audacieux, presque progressifs (All directions, avec une touche vocale féminine, End of Forever, avec des programmations) pour finir avec l’étonnante Shooting Star, où cette fois c’est appuyé d’une chorale que le groupe s’essaie à la soul, voire au gospel.
On savait depuis le départ que Jay Buchanan a une voix d’or, capable de faire bien davantage que des envolées musclées de rocker. Après avoir été masqué sur certains albums derrière une distortion volontaire, son chant brille ici de tous ses feux, nettement plus avant dans le mixage, qu’il opte pour des envolées incendiaires ou qu’il fasse dans la nuance. À ses côtés, Scott Holiday affiche la sagesse du musicien qui se distingue avec ses prouesses à la six cordes, certes, mais aussi à travers ses sonorités inventives et en se mettant au service de ce que requiert chaque chanson.
Pour emprunter un cliché, Feral Roots est sans doute l’album de la maturité pour Rival Sons, mais c’est également et surtout un ensemble de chansons qui témoignent d’une formation poursuivant son évolution de belle façon.