The Pineapple Thief : l’heure de la reconnaissance

26 novembre 2019

Catégorie Le Journal de Nicolas Houle
Types Entrevue
Écrit par : Nicolas Houle

The Pineapple Thief : l’heure de la reconnaissance

L’heure de la reconnaissance a sonné pour The Pineapple Thief. Après 20 ans de travail soutenu, la troupe du chanteur et guitariste Bruce Soord a vu son bassin d’admirateurs grandir tant et tant qu’une tournée internationale, comprenant une portion en Amérique du Nord, s’est imposée avec la sortie de l’album Dissolution. C’est ainsi que les amateurs de Québec pourront entendre la formation britannique, complétée du batteur étoile Gavin Harrison, du bassiste Jon Sykes, du claviériste Steve Kitch et du guitariste George Marios, le 26 novembre au Palais Montcalm. Entretien avec Bruce Soord.

 

 

Nicolas Houle : Vous vous produisez dans une salle Raoul-Jobin qui affiche complet. Visiblement, vous êtes attendus…

Bruce Soord : Lorsqu’on a eu les rapports de vente, on n’y croyait pas! Québec est assurément la ville qui a le mieux répondu à l’appel, alors on est très excités d’y retourner! La dernière visite remontait à 2009, dans un lieu plus intime, alors c’est super de venir dans cette belle salle…

NH : Vous êtes au cœur d’une importante tournée internationale. Est-ce la plus imposante de votre carrière?

BS : Oui, c’est la première fois qu’on part si longtemps : cette nouvelle portion de la tournée durera un mois. Depuis environ deux ans, le groupe vit une sorte de renaissance. Il semble qu’on soit parvenu à joindre davantage de public, ce qui permet cette tournée. Les choses ont réellement changé, en particulier depuis que Gavin (Harrison, le batteur) nous a rejoints avec l’album Your Wilderness.

 

 

NH : Parlez-moi justement de l’arrivée de Gavin Harrison. Au début il était un invité spécial, désormais il est membre à temps plein. Visiblement, une complicité s’est installée…

BS : Je me rappelle quand on a commencé à travailler sur l’album Your Wilderness (2016). On n’avait pas de batteur et je me disais, de mon côté, « c’est peut-être la fin du groupe ». Je ne savais plus trop comment poursuivre… Puis les gens de notre étiquette de disque, Kscope, ont suggéré que j’approche Gavin Harrison (Porcupine Tree, King Crimson). J’étais un peu sceptique au début, je me demandais si ça fonctionnerait bien, mais quand il m’a répondu qu’il avait écouté les chansons et qu’il les aimait, puis que l’on s’est parlé et qu’on a ensuite passé une journée ensemble, j’ai compris qu’on pouvait bien s’entendre. Gavin a transformé Your Wilderness, pas seulement avec sa batterie, mais avec les discussions autour des chansons pour que l’on revoit les arrangements. On a su qu’au plan créatif, ça fonctionnait et qu’on pouvait aller de l’avant. On l’a ensuite convaincu de venir en tournée avec nous et ç’a été un élément important, car au départ, il n’était pas vraiment question de ça et il ne nous connaissait pas tellement. La tournée aurait pu être un désastre, on aurait pu être une bande d’imbéciles, qui sait! Mais on l’a convaincu et on vraiment passé du bon temps ensemble… Quand l’un des meilleurs batteurs au monde veut joindre ton groupe, tu passes une bonne journée! Et donc on a écrit ensemble l’album Dissolution et on a commencé à travailler à l’album suivant. Je crois qu’on peut dire que Gavin a sauvé The Pineapple Thief. S’il ne nous avait pas joints, je ne suis pas certain que nous aurions poursuivi.

NH : Dans ce groupe, vous avez toujours été celui qui écrivait tout. Est-ce que vous avez désormais moins de poids sur les épaules?

BS : Oui. Avant d’avoir Steve et John dans le groupe, qui me donnaient du feedback, c’était davantage un processus solitaire. Désormais, parce que je ne sais pas ce que Gavin fera ou avec quel type d’idée il arrivera, je vais arriver avec une idée et la lui soumettre. Cette collaboration est tellement plus intéressante parce qu’on ne sait pas d’avance quelle direction une chanson pourra prendre et c’est la beauté je crois d’un groupe par rapport à un projet solo, je crois – et je n’ai rien contre les artistes solo. J’ai été très heureux d’écrire et d’avoir du contrôle sur les chansons, mais je suis heureux désormais de céder ce contrôle, parce que sais que les chansons iront dans une direction que je n’aurais jamais imaginée et parce que j’ai une grande confiance en Gavin. Alors oui, ça enlève passablement de pression. Quand vous avez une formation qui fonctionne comme elle le devrait, la somme est tellement plus grande que les parties, vous arrivez avec quelque chose que ne pourriez avoir en travaillant seul.

 

 

NH : Le groupe existe depuis 20 ans. Sentez-vous qu’après toutes ces années de travail soutenu, vous récoltez le fruit de vos efforts?

BS : Quand j’ai lancé tout ça, ce n’était qu’un projet solo. Nous avions un petit groupe de fans loyaux, puis ça s’est mis à grossir très lentement. Mais comme tout allait en s’améliorant, même lentement, ça valait la peine de poursuivre. Je crois qu’effectivement on récolte désormais le fruit de nos efforts. Avoir ce succès maintenant, c’est vraiment agréable!

NH : Sur Dissolution, vous parlez de l’autre côté des médias sociaux : le côté sombre. Vous semblez inquiet du monde dans lequel vous vivez…

BS : Oui, et je viens juste de faire paraître un album solo qui touche à ceci encore plus. Je suis inquiet de ce qui nous arrive et de comment nous semblons incapables de gérer cette révolution qui affecte nos vie. On ne semble pas prêts pour ça. On réalise ça maintenant. Vous savez, j’ai des jumeaux de 12 ans et je vois comment ils grandissent comment ils sont liés à leurs amis, le bon et le mauvais côté de ça. En plus, on vient tout juste d’avoir une fille, elle a un an et donc je m’interroge sur l’avenir, sur ce que ce sera. Je suis toujours positif, j’ai toujours la foi en l’espèce humaine, les gens sont généralement bons, mais oui, il y a beaucoup de quoi s’inquiéter.

 

 

NH : Vous avez récemment lancé un album solo, All This Will Be Yours, et vous venez de lancer un album live de The Pineapple Thief, Hold Our Fire. Vous ne chômez pas!

BS : C’était particulier de faire l’album live, parce que nous avons enregistré tous les spectacles; Gavin a mixé la batterie, j’ai mixé le reste. On s’est dit pourquoi ne pas donner aux fans les spectacles de Dissolution. Je voulais immortaliser l’énergie que nous avons lorsque nous sommes sur scène et l’an prochain, on sortira le nouvel album. Alors oui, je crois que c’est probablement la période la plus productive que j’ai jamais eue à titre de musicien. Je ne vais certainement pas m’en plaindre!

© Photo de couverture de l’article : Lidschlag

 

THE PINEAPPLE THIEF AVEC GAVIN HARRISON (COMPLET)
Mardi 26 novembre 2019 • 20 h
Salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm

Détails

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