4 juin 2020
Catégorie
Le Journal de Nicolas Houle
Types
Entrevue, Vidéo
Écrit par : Nicolas Houle
Depuis une dizaine d’années, la chanteuse Jill Barber a développé un lien particulier avec la langue française, d’une part, et avec le Québec, de l’autre. Il y a d’abord eu Chansons, cet album de reprises, lancé en 2013, avec lequel elle a charmé la province, et il y a désormais Entre nous, une nouvelle parution où cette fois, elle fait la part belle aux compositions originales.
Jill Barber
Rencontrez la pétillante auteure-compositrice-interprète Jill Barber… le temps d’une chanson.
Du haut de ses 40 ans, la Canadienne, établie à Vancouver, compte désormais 10 albums à son actif. Cependant, c’est la première fois qu’elle livre ses propres compositions dans la langue de Molière. Aussi est-elle allée chercher l’aide de Maia Davies, des Ladies of the Canyon, pour mieux s’exprimer dans cette langue qu’elle aime chanter, mais qu’elle avoue ne pas maîtriser aussi bien qu’elle le souhaiterait lorsque vient le temps de converser…
«Pour moi c’était un grand défi d’écrire un album original en français. Je suis une anglophone, mais je suis une francophile et j’adore la langue française, que je trouve très sensuelle, très romantique et passionnée. Mon instrument principal est ma voix, alors chanter en français est un peu comme utiliser mon instrument d’une autre façon.»
Sa relation avec le français est telle qu’elle peut se permettre de dire des choses dans cette langue qu’elle ne dirait pas en anglais. C’est ainsi que la musicienne peut se faire tour à tour coquine, romantique ou rêveuse en jouant également sur le style musical qu’elle privilégie. Amoureuse des années 1960, Barber s’amuse en effet à toucher à la folk, à la pop rétro, voire même aux accents psychédéliques. Cet aspect se retrouve même sur la pochette, très colorée, d’Entre nous.
«Une des choses que j’aime faire est d’écrire de nouvelles chansons contemporaines inspirées par les années 1960. J’écoute beaucoup la musique d’artistes comme Françoise Hardy et Serge Gainsbourg. Ça m’inspire et je voulais écrire un album qui avait ce type d’influence et cet esprit.»
Même si ce nouvel enregistrement mise sur du matériel original, il y a tout de même une reprise qui s’est faufilée: Suzanne, de Leonard Cohen. Or là aussi, Barber a tenu à s’approprier les mots du défunt poète de manière particulière…
«Quand j’ai découvert qu’il y avait une version française, je me suis dit que ce serait très intéressant pour moi de la faire, raconte-t-elle. […] C’est une pièce tellement belle, la version française, en particulier a tellement de belles images, abrite tellement une belle poésie, c’est une superbe traduction…»
Jill Barber
Une rencontre bilingue avec Nicolas Houle, directeur de la programmation du Palais Montcalm
Le grand déclic
Il existe un épisode particulier dans la carrière de Jill Barber où son lien avec la belle province et avec le français s’est soudé. En 2009, alors qu’elle était invitée par le Festival de jazz de Montréal, elle avait décidé de traduire l’une de ses chansons et le public avait tellement apprécié qu’il lui avait réservé une formidable ovation. Elle s’est inspirée de ça et a écrit un duo qui évoque une nuit mémorable dans la métropole intitulé Les Étés de Montréal, sur lequel Yann Perreau lui donne la réplique. Fait intéressant, cette pièce existe également dans une version anglophone.
«À titre de Canadienne et de chanteuse, je sentais, lorsque j’ai joué la première fois au Festival de jazz de Montréal, qu’il était important pour moi de communiquer avec mon public, ne serait-ce qu’un peu, en français. Mais j’étais très timide et je n’avais pas la confiance nécessaire pour parler en français. Un ami m’a suggéré de traduire l’une de mes chansons en français et de l’interpréter. […] J’étais très nerveuse, mais je n’oublierai jamais la réponse du public, si généreuse, si encourageante. […] J’ai découvert ce soir-là que j’adorais chanter en français!»
Quiconque a vu Jill Barber sur scène vous le dira: elle y est incroyablement à l’aise, comme si elle était faite pour être sous les projecteurs. Elle l’admet volontiers, à travers son lien avec le public, elle se sent devenir vivante et parvient à s’exprimer pleinement à titre de personne et d’artiste. Elle trouve d’ailleurs difficile, avec la présente crise sanitaire, de ne pas pouvoir prendre la route et d’aller partager ses nouvelles chansons. On aurait dû d’ailleurs la voir au Palais Montcalm cet automne. C’est partie remise: elle y sera en 2021! Les détails suivront bientôt…