27 mars 2024
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Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Yves Leclerc
Tony Levin connaît bien Québec. On a pu le voir promener ses doigts agiles sur sa basse et sur son stick à différents endroits. Au Colisée, au Centre Vidéotron, au Festival d’été, au Cégep Garneau et aux défunts Cercle et D’Auteuil sans oublier le Palais Montcalm, bien sûr, à maintes reprises.
Il s’est produit dans la Vieille Capitale dans une multitude de configurations avec Peter Gabriel, King Crimson, la formation Stick Men, lors du passage de la tournée Rock Paper Scissors, qui réunissait Sting et l’ex-chanteur de Genesis et avec le California Guitar Trio. Le 5 avril, on le découvrira en mode jazz, dans la salle Raoul-Jobin, avec son frère ainé Pete et le quatuor Levin Brothers.
« J’ai souvent joué à Québec. C’est un de mes endroits favoris. On y retrouve quelque chose d’extraordinaire. C’est ce que j’ai expliqué aux autres gars du groupe qui ne sont jamais venus et ils ont bien hâte d’y venir », a-t-il lancé, lors d’un entretien en visioconférence.
En plus de son frère Pete au piano, on retrouve le batteur Jeff Siegel et le saxophoniste invité Ken Gioffre au sein des Levin Brothers. Les frangins Levin ont lancé un album en 2014 avec le guitariste David Spinozza et le saxophoniste Erik Lawrence.
« Je joue du jazz avec mon frère depuis toujours. On a fait pas mal de tournées ensemble », a indiqué le musicien de 77 ans.
Le concert sera principalement constitué de matériel original écrit par Pete Levin, mais le quatuor offrira des versions jazz de quelques titres de Peter Gabriel et King Crimson.
Tony Levin explique que l’adaptation de ces pièces à la sauce jazz a été un défi de taille.
« Parfois, c’est facile et à d’autres moments, ça ne l’est pas. On pourrait en discuter durant toute une journée. Lorsque ça ne fonctionne pas du tout, on essaie autre chose. On essaie même, parfois, avec des paroles. C’est ce qui est bien avec un groupe, on peut pratiquer et essayer des choses. Lorsque le résultat est bon, on intègre ça à nos concerts », a-t-il mentionné.
Une longue collaboration
Les Levin Brothers se produiront, lors d’un plateau double, à la salle Raoul-Jobin, en compagnie du California Guitar Trio. Le longiligne bassiste a l’intention d’aller rendre visite à ses amis Bert Lams, Paul Richards et le musicien invité Tom Griesgraber sur les planches.
« Je n’ai pas encore discuté avec eux, mais je suis pas mal certain que je vais aller les accompagner pour une ou deux pièces. On a tellement joué ensemble que ça va être facile pour moi d’aller les rejoindre. C’est la première fois qu’on va se retrouver ensemble, avec deux groupes différents, sur une même scène. Ça va être vraiment amusant », a-t-il dit.
Sa collaboration avec le California Guitar Trio remonte au début des années 1990. La formation avait donné une centaine de concerts en première partie de King Crimson. Une opportunité que cette formation avait obtenue parce qu’ils étaient d’anciens élèves du guitariste Robert Fripp.
« J’ai dû aller les voir jouer, lors de chacun de ces cent concerts, à parti du côté de la scène, parce qu’ils étaient très bons. On a fait connaissance et je suis devenu plus tard, le quatrième membre du trio pour quelques spectacles et lors de courtes tournées. J’avais joué avec eux en 2003 lors du Festival d’été. J’avais aussi joué avec Kevin Parent lors de cette édition. Québec, pour sa connexion avec le rock progressif et le Festival d’été, en raison de son esprit aventureux, représentent, pour moi, quelque chose de spécial », a-t-il fait remarquer.
Lors de ces passages à Québec, le bassiste né à Boston a ses petites habitudes. Il aime marcher dans les rues de la Vieille Capitale.
« C’est tellement beau. Il y a de bons restaurants et l’air est bon. Je ne viens pas habituellement en plein hiver, mais à chacune de mes visites, la température a toujours été incroyable. Il y a beaucoup de choses que j’aime de Québec. C’est une ville chaleureuse », a indiqué celui qui fera partie d’une nouvelle formation étoile, Beat, consacrée à la musique de King Crimson, avec Adrian Belew, Steve Vai et le batteur Danny Carrey.
Sa dernière visite remonte à l’automne dernier lors du passage de la tournée i/o avec Peter Gabriel.
« On s’organise toujours pour arriver quelques jours avant. Peter, aussi, aime Québec. Je vais, peut-être, si Robert Lepage est en ville, amener les gars du groupe visiter le Diamant », a-t-il mentionné, ajoutant qu’il fera peut-être un détour par le Musée de la civilisation, lorsqu’on lui a appris qu’il y avait une exposition sur la lutte conçue par le metteur en scène et sa compagnie Ex Machina.
Tony Levin publie avec régularité des photos de tournées sur son site web TonyLevin.com. Il écrit aussi de la poésie.
« C’est un défi pour moi d’arrimer la musique, l’écriture et la photographie. Je suis chanceux de pouvoir faire tout ça. Ce que j’aime le plus, c’est jouer de la musique en concert. Je suis beaucoup sur la route et moins souvent chez-moi dans mon studio. Lorsque j’y suis, j’ai une liste avec toutes les choses que j’ai envie de faire. Je me considère privilégié de pouvoir faire tout ça. Ce n’est pas vraiment du travail. Le truc, c’est de trouver du temps et ça, pour moi, c’est un beau problème », a-t-il laissé tomber.