18 novembre 2020
Catégorie
Le Journal de Nicolas Houle
Types
Entrevue, Les Concerts improbables, Programmation, Vidéo
Écrit par : Nicolas Houle
En 2014, après une longue période de gestation, les Barr Brothers lançaient Sleeping Operator, un deuxième album marquant, qui les a menés autour du globe et qui abrite plusieurs titres devenus incontournables, dont Even The Darkness Has Arms, Little Lover ou Love Ain’t Enough. Le temps d’un concert en webdiffusion, qui sera capté au Palais Montcalm le 21 novembre, les Montréalais d’adoption replongeront dans cet univers riche, où folk, blues, world et r’n’b cohabitent.
«Après être partis en tournée quelques années pour présenter notre premier enregistrement – que nous avions fait de façon assez sobre, sans beaucoup de collaborateurs – cet album a solidifié les sonorités que nous cherchions, où la harpe, la contrebasse, les guitares et la batterie pouvaient vraiment créer un son ensemble, dans une pièce, se remémore le batteur et percussionniste Andrew Barr. Nous avons senti que nous pouvions aller où nous voulions; que cette configuration pourrait servir toutes ces différentes chansons. Ç’a été le point tournant où nous avons solidifié le son du groupe.»
Sleeping Operator est né à une période où les Barr Brothers ont été particulièrement prolifiques. Pas moins de 40 pièces avaient alors été composées – 13 se sont retrouvées sur l’album. Quelques-unes ont été immortalisées par la suite sur le EP Alta Falls; une autre est apparue sur Queens of the Breakers. D’autres pourraient même encore refaire surface, tout étant question de sortir la bonne chanson au bon moment et avec un souci d’unité, précise Andrew Barr.
Sélectionner judicieusement le matériel n’était pas l’unique défi lors de la genèse de Sleeping Operator: le groupe a passé près d’un an à raffiner les enregistrements afin d’arriver au résultat que l’on connaît.
«On n’avait pas d’enfants à l’époque», observe le chanteur et guitariste Brad Barr, afin d’expliquer la somme de temps investi autant en studio que sur la route pour défendre ce deuxième album autour du globe.
The Barr Brothers
Rencontrez Andrew et Brad Barr… le temps d’une chanson.
Nouvelle résonance
Ce n’est pas la première fois que Les Barr Brothers s’amusent replonger dans un de leurs anciens enregistrements. À la fin de la tournée de Queens of the Breakers, ils avaient proposé des lectures de leurs trois albums, à raison d’un, en entier, par soir. Brad se souvient que, dans le lot, Sleeping Operator s’était distingué à la fois par la quantité de matériel qu’il abrite et par sa variété, offrant nuances et dynamiques. Andrew ajoute, pour sa part, qu’en temps de pandémie, où nous tentons de donner un sens à ce qui se passe, retourner à un répertoire d’une autre période temporelle pourrait ramener des émotions différentes auxquelles on pourra s’accrocher.
«J’essaie d’écrire des chansons qui conservent une certaine ambiguïté ou une ouverture de façon à ce que les textes puissent s’appliquer à différentes situations, enchaîne Brad. Je suis curieux de voir quelle portion [de l’album] ou quelles chansons seront pertinentes d’une nouvelle façon face à tout ce que nous vivons présentement.»
Il ne s’est pas écoulé des décennies depuis Sleeping Operator, or le temps qui a filé est suffisant pour que les compositions des Barr Brothers apparaissent sous un nouveau jour. Il faut dire qu’il y a eu quelques remaniements au sein de la formation, dont le départ de la harpiste Sarah Pagé. La troupe a aussi appris à interpréter son matériel, qui est très orchestré sur album, de façon plus sobre.
The Barr Brothers
Une rencontre en anglais avec Nicolas Houle, directeur de la programmation du Palais Montcalm
Dynamique familiale
Lors de leur halte au Palais Montcalm, c’est en compagnie de Eveline Grégoire-Rousseau (harpe), Morgan Moore (basse) et Joe Grass (pedal steel) que le groupe évoluera. Des invités pourraient s’ajouter, mais qu’importe la configuration, on pourra sans doute constater la chimie unique que la formation obtient grâce à la complicité fraternelle de Brad et Andrew Barr.
«Il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire sans qu’on ait besoin de les verbaliser, note Andrew. Pour avoir joué dans d’autres contextes, avec d’autres formations, je peux dire qu’avec Brad nous avons rarement besoin d’analyser de près ce que nous faisons. Ça se fait de façon très naturelle. Par exemple, le phrasé rythmique, qui n’est pas toujours évident au départ avec d’autres musiciens, se fait harmonieusement…»
Brad ajoute que cette dynamique familiale s’étend au reste du groupe et qu’au final le groupe bénéficie des forces de chacun. Il donne en exemple Andrew, qui est excellent pour identifier ce qui reste à peaufiner musicalement lorsque le groupe achève ses chansons.
– C’est comme le gars qui fait ta finition au lave-auto, lance-t-il.
– J’aurais préféré l’imagine de l’ébéniste, mais je vais prendre celle du lave-auto! se résigne Andrew.
Et la suite?
S’il est intéressant pour les Barr Brothers de jeter un œil au passé avec ce tout premier concert qu’ils offriront depuis le début de la pandémie, ils continuent bien sûr de regarder devant. Certes, ils ont sorti un mini-album au printemps, Red Moth Solar Companion, mais un nouvel album complet est en préparation. Les gars se sont donnés des balises, comme celle d’essayer de limiter l’instrumentation en vue de conserver une certaine simplicité. Une douzaine de chansons ont ainsi été achevées. Il reste maintenant à voir quand ce quatrième album du groupe paraîtra, ce qui pourrait se faire à la fin du printemps ou à l’automne 2021.
«On n’est pas sorti de chez nous depuis mars dernier, les gens font encore des albums? interroge Brad, un sourire dans la voix. Les gens écoutent encore des albums?»
Oui, sans doute plus que jamais!
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Le concert des Barr Brothers sera capté le 21 novembre prochain, à 20h, au Palais Montcalm et pourra être vu où que vous soyez grâce à la diffusion Web. Vous pourrez y assister en direct ou, si vous préférez, en rediffusion à compter de 12h, le lendemain et ce, pour une durée d’une semaine.