5 mars 2021
Catégorie
Le Journal de Nicolas Houle
Types
Entrevue, Programmation, Vidéo
Écrit par : Nicolas Houle
Quand Thomas Hellman a développé l’idée de Rêves américains, tomes 1 et 2, il croyait qu’il ne donnerait que cinq représentations, toutes dans la métropole, à l’occasion d’un festival. Il a aujourd’hui franchi le cap des 200 spectacles, au Québec comme à l’étranger, et présentera donc au Palais Montcalm le 12 mars, en salle et en webdiffusion, une version fort achevée du tome 2, consacré à la Grande Crise. Une proposition qui paraît on ne peut plus d’actualité avec la pandémie qui paralyse la planète…
«Ce spectacle parle aux gens d’une réalité très profonde, universelle et humaine, qui est d’aller chercher de l’espoir dans les moments les plus sombres, explique Thomas Hellman. Et c’est ça que je trouve si fort dans ce spectacle-là: c’est qu’il ne vieillit jamais et il est encore plus pertinent aujourd’hui, parce que ce que l’on vit en ce moment, c’est une période de crise et c’est une période de crise dans laquelle il faut aussi aller chercher la lumière.»
Thomas Hellman
Rencontrez Thomas Hellman… le temps d’une chanson.
Un mélange unique
Pour Hellman, tout démarre il y a un peu plus de cinq ans, lorsqu’il est invité à approfondir un sujet de son choix pour une série de chroniques à la première chaîne de Radio-Canada. Il opte pour l’histoire américaine, de la ruée vers l’or à la Grande Crise et peu à peu, de ces chroniques, il accouche de quelque chose de très particulier sous la forme d’albums et de spectacles. Le résultat compte bien sûr une dimension historique, mais ce n’est pas un cours d’histoire. Il y a des extraits littéraires, mais ce n’est pas de la littérature. Il y a de vieilles chansons folk, mais sans que ce soit une succession de pièces. Il y a un côté théâtral, or ce n’est pas une pièce de théâtre. C’est plutôt un heureux mélange de tout ça qui a, pour but premier, de faire voyager l’auditeur et le spectateur…
«C’est vraiment un voyage à travers l’histoire pour réfléchir à notre propre époque, commente Hellman. Il y a plusieurs éléments: les vieilles chansons, souvent que je vais chanter en anglais, mais raconter en français, ensuite il y a les moments de narration, où je vais raconter des histoires. Souvent je vais même incarner des personnages: je vais devenir John Henry le travailleur du rail, qui se bat contre la machine qui menace de remplacer les travailleurs. Il y a aussi des extraits d’œuvres littéraires que j’ai mises en musique. Par exemple, j’ai mis en musique un extrait des Raisins de la colère de Steinbeck. Tous ces éléments se rejoignent…»
Une grand-mère inspirante
Dans le fond comme dans le forme, Rêves américains, tome 2: La Grande Crise doit beaucoup à la grand-mère de Thomas Hellman. Non seulement celle-ci était-elle américaine et a partagé à son petit-fils des moments de sa propre expérience, mais sa façon de raconter a eu un impact sur Hellman. Il relate d’ailleurs un peu son histoire dans le spectacle…
«C’est une femme qui a vécu jusqu’à 98 ans, qui jouait du banjo, qui me chantait des vieilles chansons folk de sa voix extrêmement fausse, qui fumait des cigares jusqu’à la fin de sa vie. Elle a vécu la Grande Crise. Donc elle a vécu la pauvreté, elle a vécu la crainte, tout ce que l’on vit en ce moment. […] Pour moi, c’est une façon de lui rendre hommage à elle, parce que j’aimais énormément cette femme. C’est elle qui m’a donné le goût pour la musique mais aussi pour le conte et ça c’est très important, parce que c’était toujours lié pour moi dans mon enfance: elle me chantait des vieilles chansons américaines et elle me contait des histoires et tout ça s’entrelaçait et devenait une tapisserie qui n’avait pas de début, ni de fin et c’est un peu ce que j’ai essayé de faire avec ce spectacle-là.»
Rêves américains, tome 2: La Grande Crise bénéficie d’une mise en scène de Brigitte Haentjens, qui avait déjà travaillé avec Hellman par le passé sur son projet consacré au poète Roland Giguère. Si le spectacle demeure sobre, il permet néanmoins à chacun des musiciens d’incarner un personnage et de faire revivre le passé de nos voisins du Sud de manière originale.
Et la suite?
Il n’y a pas de troisième tome de Rêves américains en chantier, mais Thomas Hellman planche sur un podcast lié au projet. Ceux qui prêtent l’oreille à ses interventions à l’émission Dessine-moi un dimanche, à Radio-Canada, auront aussi pu l’entendre s’attaquer aux mythes grecs, qu’il s’amuse à explorer, armé de son banjo. Hellman ne sait pas encore précisément où ces deux aventures le mèneront, mais il les a en tête…
«Ça peut sembler très éloigné ces deux choses, mais pour moi ça se rejoint et c’est exactement la même chose, parce que dans l’histoire américaine que je raconte, il y a une mythologie et c’est cette dimension mythologique qui m’intéresse: c’est de partir de l’histoire particulière pour aller chercher quelque chose d’universel, qui nous nourrit à l’intérieur de nous-mêmes et, je crois, peut même avoir un certain pouvoir transformateur.»
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Rêves américains, tome 2: La Grand Crise aura lieu le 12 mars 2021, à 19h. Les places en salle, offertes avec distanciation sociale, sont limitées. L’événement pourra aussi être vu où que vous soyez grâce à la diffusion Web. Vous pourrez y assister en direct ou, si vous préférez, en rediffusion à compter de 12h le lendemain, et ce, jusqu’au 12 mai 2021.