3 avril 2024
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Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Yves Leclerc
Respecter des traditions, jeter un coup d’œil vers le futur et essayer de créer des musiques jamais entendues, telle est la quête de Daniel Lanois, qui le mardi 9 avril, s’arrêtera au Palais Montcalm.
L’artiste franco-canadien de 72 ans, qui a travaillé avec Brian Eno, U2, Bob Dylan et Peter Gabriel et qui mène aussi, depuis 1989, une carrière solo, se produira à la Salle Raoul-Jobin en compagnie du bassiste Jim Wilson et du batteur Jermaine Holmes. Une prestation où les harmonies vocales seront à l’honneur.
« Il s’est produit des choses remarquables, pour nous, à cet endroit. Tout est possible, au Palais Montcalm, avec les plus belles personnes. On espère soulever le toit. Il y a peut-être des gens qui vont tomber en amour et se trouver un partenaire pour l’éternité. Tout peut arriver si l’on y met notre cœur », a-t-il chanté, guitare à la main, dans son studio à Los Angeles.
Il était, pour l’occasion, accompagné par les musiciens de son trio, qui ont ajouté leurs voix, en chantant, lors de cet entretien en visioconférence.
« Il s’est fait beaucoup de musique à cet endroit. J’ai réalisé un album de Neil Young (Le Noise). Mes amis sont ici en ce moment et l’on répète en prévision de notre visite à Québec », a-t-il indiqué.
Lors de cette tournée dans l’Est du Canada, Daniel Lanois fera des arrêts à l’Île-du-Prince-Édouard, Moncton, Québec, Gatineau, Sainte-Thérèse, Jonquière, Sherbrooke et Joliette.
« On adore venir au Québec parce qu’on aime conduire et voir le pays. Les gens peuvent s’attendre à un spectacle avec de belles harmonies vocales et, bien sûr, quelques-unes de mes chansons en français. Des chansons que je respecte parce qu’elles représentent le voyage de ma famille du Québec vers l’Ontario », a-t-il fait savoir, avant de se lancer, avec ses acolytes, dans quelques mesures de Under a Stormy Sky et Jolie Louise.
Il va aussi amener un peu de fraîcheur avec quelques nouvelles pièces afin de poser un regard vers le futur.
« Ça va être un concert sans trop de technologie. On a décidé de se concentrer sur les harmonies vocales et de laisser la musique parler. Les gens vont se sentir un peu comme lorsqu’on chante dans la cuisine. On ramène cette vieille tradition. C’est très beau », a-t-il poursuivi.
Côté nouveau matériel, Daniel Lanois devrait interpréter une pièce qui s’intitule Silverado et une version de Blackhawk, présente sur l’opus Wrecking Ball d’Emmylou Harris, qu’il a produit. Une pièce qu’il a écrite mais qu’il n’a jamais enregistrée.
« C’est l’histoire de deux amoureux dans la ville ouvrière d’Hamilton. Ça parle de leurs espoirs et de leurs rêves. C’est l’histoire de deux cœurs sauvages en amour », a-t-il expliqué.
L’accent sur les harmonies vocales n’est pas quelque chose de nouveau pour Daniel Lanois.
« Le chant, c’est quelque chose de tellement réparateur. J’y reviens constamment et c’est tellement beau lorsqu’on chante tous les trois. On se sent comme des frères. Jermaine, qui est très talentueux et qui a passé beaucoup de temps à l’église, a une grande compréhension des harmonies vocales et il est toujours là pour nous ramener à l’ordre si l’on s’égare », a-t-il fait remarquer.
Depuis ses débuts en tant que musicien et réalisateur, Daniel Lanois explore. Il aime aller au-delà des frontières sonores et musicales. Une quête, chez lui, qui est constante.
« J’écris à tous les jours et on cherche constamment de nouvelles façons de décoller. Ce moment où la musique, tout à coup, nous guide et nous dit quoi faire. Il faut parfois s’oublier pour y arriver parce que ça peut t’amener à apprendre quelque chose. On respecte les traditions, on regarde en direction du futur et l’on essaie d’amener une certaine fraîcheur », a-t-il expliqué.
Tournée après tournée et chaque fois qu’il s’arrête au Québec, le public suit Daniel Lanois à travers ses aventures musicales et ses explorations sonores.
« Les gens, en ce moment, sont très ouverts d’esprit. On a une vision internationale des choses. On peut s’entraider et embrasser les cultures du monde. On entend, musicalement, de belles choses qui peuvent avoir un effet sur notre façon de penser et de voir les choses. Lorsque j’écoute, par exemple, la musique d’Ali Farka Touré, j’ai l’impression de grandir. On a la responsabilité, en tant qu’humain, de faire de ce monde, un monde meilleur », a-t-il lancé.
Daniel Lanois a décidé de ne plus tondre le gazon sur le terrain autour de sa résidence sur lequel on retrouve des pommiers.
« À la place de faire du bruit avec une tondeuse électrique, on mange des pommes. On fait, comme ça, des petites actions à la maison, pour le voisinage, et ensuite, un jour, pour la planète », a-t-il laissé tomber.
Lors de ces visites au Québec, Daniel Lanois aime bien, lorsque son agenda lui permet, aller jouer quelques parties de billard.
« J’ai de bons souvenirs d’avoir fait quelques dollars lors de certaines parties. Avant les pères enfermaient leurs filles, lorsque Lanois arrivait en ville, maintenant, ce sont les joueurs de billards qui se cachent. Je suis trop vieux pour attirer les femmes, mais à la table de billard, je continue de faire tomber les adversaires », a-t-il lancé en éclatant de rire.