9 septembre 2024
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Le Journal de Nicolas Houle
Écrit par : Yves Leclerc
Francis, le père, est organiste. Le fils, Nicolas, manie le saxophone. Unis par le sang, les deux musiciens vivront de grandes émotions, le 20 octobre, dans la salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm, lors d’un concert où ils interpréteront des œuvres de compositeurs nord-américains, dont plusieurs écrites par des femmes.
On retrouvera des compositions de Florence B. Price, Ruth Watson Henderson, Alexandra Fol, Rachel Laurin et de la compositrice contemporaine Carol Williams.
« On voulait rendre hommage à ces femmes compositrices qu’on a tendance à oublier et qui sont négligées dans nos sociétés de concerts », a indiqué Francis Gagnon lors d’un entretien en visioconférence.
Il y aura aussi au programme des compositions et des œuvres de Gilles Fortin, François Dompierre et Denis Bédard, un musicien de Québec qui vit à Vancouver et qui a été organiste à l’église Saint-Roch.
Nicolas précise que ce spectacle, présenté à 15h, n’est pas un concert de musique religieuse.
« On associe souvent l’orgue à nos églises, mais cet instrument, créé quatre siècles avant Jésus-Christ, ne se limite pas à la musique religieuse qui existe depuis des millénaires. Les sonates, que l’on fait ensemble, ne sont pas des pièces qui ont été écrites pour la liturgie. Ce sont des œuvres de concert et je trouve intéressant de démontrer cette facette de l’orgue », a fait savoir Francis Gagnon.
Ces deux instruments sont rarement réunis sur scène lors d’un même concert. Le mariage orgue et saxophone n’est pas conventionnel.
« Ça existe, mais c’est plutôt rare », a précisé Francis Gagnon, qui est organiste à l’église Saint-Frédéric à Drummondville.
« Le saxophone, a enchaîné Nicolas, qui est aussi professeur de musique au secondaire à Drummondville, est souvent considéré comme étant un instrument populaire et lié à la musique jazz. Mais il a même été boudé, au début du jazz, alors que la clarinette avait le dessus. Adolphe Sax, l’inventeur du saxophone, souhaitait en faire un instrument classique et qu’il trouve sa place au sein de la famille des instruments à vent des orchestres symphoniques. »
« Ce n’est pas conventionnel, mais on parlait de ce mélange orgue et saxophone, il y a 150 et 200 ans. Dans son traité d’orchestration, Hector Berlioz indiquait que la sonorité du saxophone, à cette époque, lui donnait l’impression d’un son qui ressemblait à un orgue mécanique », a indiqué Nicolas, dont l’opus Le chapelet enchanté, lancé en 2005, s’est rendu au pape Benoit XVI au Vatican.
Un vaste répertoire
L’idée de ce concert a pris forme, lorsque le père et le fils ont proposé, après la pandémie, de faire une messe instrumentale saxophone et orgue. Le duo voulait pallier un manque d’effectifs pour l’animation musicale.
« On avait déjà fait des concerts, il y a plusieurs années. On a recommencé à jouer. On a redécouvert certaines pièces, repris des vielles et un répertoire s’est monté. On a proposé ce concert à quelques endroits et les réactions ont été bonnes », a mentionné Francis Gagnon.
L’organiste en résidence du Palais Montcalm, Richard Paré, a suggéré au duo d’approcher les Amis de l’orgue de Québec, qui organise, tous les ans, un concert au Palais Montcalm.
« On cherchait un endroit où l’on pouvait être ensemble, Nicolas et moi, au lieu d’être caché au jubé et très loin des gens. C’est un rêve de jouer sur l’orgue Casavant du Palais Montcalm. Il y a seulement quelques salles de spectacle, au Québec, où l’on retrouve un orgue à tuyaux », a-t-il fait remarquer.
Francis Gagnon mentionne que le répertoire orgue et saxophone est très vaste.
« Il y a beaucoup de matériel et il a fallu faire des choix. C’est un programme de 60 minutes, mais on aurait pu en faire pendant deux heures », a lancé le musicien qui a déjà été organiste à l’église Chalmers-Wesley United, à deux pas du Palais Montcalm, lors de ses études en interprétation à l’Université Laval.
Établis à Drummondville, Francis et Nicolas Gagnon font de la musique ensemble depuis plus de 20 ans. On s’en doute, une complicité unique s’est installée.
« On respire ensemble. On sait comment l’autre va réagir. C’est quelque chose qui se fait de façon naturelle et cette complicité s’est tissée avec le temps. Il y a un lien de sang qui existe. C’est juste un plaisir et un privilège de pouvoir profiter de ces moments-là. », a laissé tomber Nicolas Gagnon.
Le défi, pour le duo, lors d’un concert, est de s’adapter à des lieux qui sont différents.
« Il faut s’habituer à l’acoustique de chaque endroit. Les tuyaux, au Palais Montcalm, par exemple, sont éloignés de la scène. Je dois aussi m’adapter à la console et au clavier », a dit Francis Gagnon.
Il n’y a pas d’orgue à tuyaux dans sa résidence à Drummondville. Il révèle, en riant, qu’il a en déjà eu un, un petit, dans une pièce à la maison.
« J’ai maintenant un orgue numérique avec trois claviers, un pédalier et avec des bandes de sons. Ça me permet de travailler à la maison. On répète, chacun de notre côté, et l’on va, de temps en temps, pratiquer ensemble à la Basilique Saint-Frédéric à Drummondville afin de recréer cette complicité. On a chacun nos clés », a-t-il précisé en riant.